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PSG – Angers 3-2, 23/08/74, Division 1 74-75

Vendredi 23.08.1974, Championnat de France, Division 1, 5e journée (15e place) à Paris, au Parc des Princes :
PARIS ST-GERMAIN F.C. – ANGERS S.C.O.  3:2 (1:2)
– 10 959 spectateurs. Buts : Berdoll, 2′, François M’Pelé, 3′, B.Antić, 41′ ; François M’Pelé, 70′, François M’Pelé, 80′. Arbitre : M. Kitabdjian
L’équipe du PSG : Ilja PantelićChristian Quéré, Éric Renaut, Gérard Cenzato, Louis CardietJacky Laposte, Albert Poli, Jean-Pierre DoglianiRobin Leclerc, François M’Pelé, Mustapha Dahleb. Entraîneurs : Just Fontaine et Robert Vicot.
L’équipe d’Angers : Griffoni – Le Boedec, Damjanovic, Brulez, Laurier – Cassan, Guillou – François, Berdoll, Edwige, Antic. Entraîneur : Gonzales.


Maillot utilisé :

Maillot domicile 1974-75, première version


Programme :


Photos du match :

Albert Poli balle au pied

François M’Pelé, au sol, trompe Griffoni pour l’un de ses trois buts du soir, sous les yeux de Jean-Pierre Dogliani (archives N. Jardin)

L'angevin Berdoll, premier buteur du match

L’angevin Berdoll, premier buteur du match

Gérard Cenzato à la poursuite de Berdoll

Gérard Cenzato à la poursuite de Berdoll

Sortie de Griffoni, genou en avant, sur Albert Poli, devant Le Boedec (archives N. Jardin)


Compte-rendu (G. Ernault, via Rétro SCO) :

M’Pelé (Paris) déborde Angers

Sept joueurs au tapis. Deux « cartons » récents pour ajouter à la morosité. Il y avait de quoi être inquiet hier soir pour le Paris-S.G. Inquiétude immédiatement confirmée après deux minutes de jeu par un but de Berdoll. Cela ne pouvait plus mal débuter pour une équipe parisienne au bord des nerfs, toute appréhension dehors.

Au milieu du terrain, Guillou s’empara du ballon et, presque dans l’axe du but, le glissa entre Cenzato et Cardiet. Surgi de derrière, Berdoll le récupéra. A ras de terre, le buteur angevin battit Pantelic.

Le coup pouvait être mortel. Il portait beaucoup plus loin que les péripéties d’un seul match de Championnat. Ratage, peut-être, d’un club à peine apparu.

La grande chance et le gros mérite aussi des Parisiens de Fontaine fut d’arracher une égalisation immédiate. Sur l’engagement, M’Pelé déborda en force sur la droite, poursuivi par Brulez. Arrivé à hauteur des 18 m environ, il centra. Sa balle, déviée par le pied de Brulez, monta en chandelle et retomba dans les filets de Griffoni, sorti, et qui ne s’attendait pas à ce qu’elle suive cette trajectoire.

En deux minutes trente secondes et deux actions fulgurantes, venait peut-être de se nouer et de se défaire une trame au prolongement douloureux car, à partir de ce redressement subit, l’équipe de Fontaine se libéra d’un gros poids. Dans le même temps où elle venait de ramener à la raison des Angevins un peu trop sûrs d’eux, elle reprenait des couleurs.

A la 6e minute, Dahleb s’enfonça en souplesse dans la défense angevine. Il élimina Damjanovic d’un coup de sa patte gauche et donna à Poli complètement seul. L’ex-Angevin tarda trop à tirer et gâcha cette superbe occasion. L’ailier gauche du Paris-S.G. devait être d’ailleurs, en cette première période, à l’origine des actions les plus dangereuses se situant devant le but angevin. A la 23e minute, lancé en profondeur par Dogliani, il évitait la sortie de Griffoni, récupérait la balle mais voyait son centre contré. Quatre minutes plus tard, Dahleb, sur le côté gauche, cherchait Dogliani en appui. La remise du capitaine parisien arrivait dans les pieds de Dahleb, dont le centre était repris… par Laurier. Le S.C.O. avait eu chaud !

Mais c’est à la 30e minute que, sous la domination d’un P.S.G. de plus en plus consistant, Angers échappait à un deuxième but apparemment immanquable. En pleine surface de réparation, Dogliani, par un petit pont, mettait le rugueux Brulez « dans le vent ». Comme ce n’était pas assez sans doute à son goût, il dribblait aussi Griffoni mais hésitait tant à tirer que le gardien angevin dégageait du pied.

C’était bien là, symbolisée d’une seule attitude, l’équipe parisienne, généreuse et farcie de panache. Elle offrait aux Parisiens, reconquis d’un seul coup, le spectacle intéressant d’un ensemble poussé rationnellement vers l’attaque et s’appuyant en défense sur un système qu’elle rode avec entêtement.

Cela ne devait d’ailleurs pas lui réussir. Alors, que l’on pouvait s’attendre à voir Paris-S.G. prendre l’avantage (bon tir de M’Pelé relâché par Griffoni à la 34e), c’est au contraire le SCO qui faisait basculer le match en sa faveur. Antic se retrouvait seul alors que la défense parisienne, croyant probablement au hors-jeu, s’arrêtait un dixième de seconde. Pantelic sortait et fermait complètement l’angle de tir à son compatriote. Mais Antic était pourtant assez précis pour tirer à ras de terre. Pantelic, qui revenait vers ses buts, ne pouvait qu’y détourner une balle, laquelle de toute façon y serait entrée.

Sur l’ensemble de la première période, cet avantage ne se justifiait guère, d’autant que les Angevins avaient très rarement rappelé l’équipe inspirée de la saison passée. Ils s’étaient vraiment montrés dangereux en une seule occasion, à l’origine de laquelle se trouvait François, leur jeune ailier droit. Guillou lui-même et ses partenaires ne maîtrisent pas leur sujet comme voilà un an.

Dès le départ de la seconde période, après une percée d’Edwige, Paris-S.G. relançait la mécanique. Les Parisiens amorçaient un très bon mouvement Dogliani, Dahleb, Dogliani. Le tir de ce dernier passait devant les buts de Griffoni sans que M’Pelé puisse le reprendre (48e). A son tour, M’Pelé donnait la charge. Son centre était dévié en corner par Brulez, un joueur qui ne fait pas de dentelle. Paris-S.G. tenait Angers à la gorge, si l’on peut dire, et ne le lâchait pas. La menace demeurait néanmoins évidente de contre-attaques angevines du rapide tandem Edwige-Berdoll (55e) ou de Guillou-Antic-François (56e).

Après une heure de jeu, la fougue des Parisiens tombait. Le SCO profitait de cette accalmie pour refaire surface et se faire applaudir d’un public intéressé par une rencontre équilibrée, vivante. En sortant de sa boîte, M’Pelé inquiétait sérieusement Griffoni (61e). Sur la contre-attaque, Berdoll dribblait deux adversaires et tirait sur Pantelic. Le suspense demeurait entier.

Dogliani manquait de chance puisque, après s’être débarrassé de Brulez, il tirait sur le poteau drot du but du S.C.O. (68e). Mais il ne renonçait pas.

En voulant relancer le mouvement, Damjanovic cafouillait et la balle était récupérée par M’Pelé, peut-être en position de hors-jeu ; le noir attaquant du P.S.G. s’approchait à vingt mètres, négligeait Dahleb et Dogliani sur sa gauche et plaçait dans la lucarne de Griffoni un tir fantastique de puissance (70e). Et ce n’était pas fini pour les Parisiens. A la 79e minute, à la suite d’un coup franc, sifflé pour faute de Leclerc, pénétrait dans les 18 mètres en force, évitait la charge de Brulez et inscrivait le troisième but de son équipe, ce qui lui donnait la victoire. M’Pelé, Dogliani, Dahleb, Poli ont été les meilleurs dans une équipe parisienne volontaire et parfois inspirée. Tandis qu’à Angers, un peu décevant, il faut surtout citer Edwige et Berdoll, mais on ne s’est pas ennuyé hier au Parc des Princes.

France Football :

La libération de Paris S.G.

Même Just Fontaine, apparemment, avait fait son deuil d’une victoire de son équipe contre Angers. C’est dire qu’en s’alignant, vendredi soir au Parc, les nouveaux promus de la capitale ne nourrissaient pas des ambitions extraordinaires. Et puisque la partie commença pour eux de façon catastrophique on eut vite fait de se dire que, décidément, ce P.S.G. jouait un jeu dangereux. Il va de soi que, pour prendre ce but d’avance après 120 secondes de jeu, les Angevins avaient profité du « système » défensif des Parisiens, appliqué sans trop de rigueur, ce qui permit à Guillou de placer une bonne balle en profondeur pour Berdoll.

Le ver dans le fruit, le couteau dans la plaie.

Mais c’est justement au moment où l’on enterrait sous les sourires déguisés Hechter, Fontaine, Dogliani, réunis dans le même sac, au moment où l’on s’apitoyait sur le triste eort des équipes de le capitale, du public de la capitale (quelle foi I) que la situation bascula.

Renversement typique du tempérament parisien (on lorgne la victoire trente secondes après avoir couru à sa propre perte). Typique aussi de l’équipe de Fontaine, capable du meilleur et du pire, d’exaspérer et d’enthousiasmer, tellement elle accorde la part la plus grande au don des hommes qui la composent, sans liens trop serrés et autres consignes de « rigueur » ; au don des hommes et aussi à leurs faiblesses.

Mais le plus beau résultat de Fontaine et de Vicot, vendredi soir, est d’avoir amené à une victoire intelligente une équipe privée de 5 titulaires sûrs et qui comprenait trois joueurs effectuant leurs débuts en division 1. Le principal problème des Parisiens demeure évidemment leur façon de s’organiser défensivement qui ne demande aucune défaillance sur le plan de la condition physique et de la façon d’utiliser le « système ». Or, comment voudrait-on demander à une équipe comme celle-là d’être déjà coordonnée quand elle vient de se renouveler aux trois-quarts ?

Fontaine explique justement que les « cartons » de Lille et Reims ne lui ont pas fait courber la tête.

 » Il n’y avait pas seulement à incriminer notre organisation défensive, mais aussi les hommes de milieu de terrain en condi. tion insuffisante. Et puis, vous verrez, quand mes ailiers seront en grande forme (Dalheb ne tient encore qu’une mi-temps) ils ne laisseront pas le temps aux arrières adverses de se mêler du jeu d’attaque. »

Fontaine remerciait le public parisien de son attitude et l’intégrait directement cette victoire. Il est bien vrai qu’un public aussi méritant que celui-là mérite hommage. Qui dit public, dit rentrée d’argent. Il faut en arriver là. Au delà de la victoire d’un soir, le président Hechter déclarait :

« Oui, il faut espérer que nous allons continuer dans cette voie. Ce n’est pas avec 10.000 spectateurs aussi formidables soient-ils ou 14.000 que noua réussirons à faire vivre une grande équipe. Le public de la capitale doit être patient, tolérant. Il doit savoir que nous ne pouvons, du jour au lendemain, sortir des limbes et obtenir la réussite de la maturité. Je pense que dans deux mois, nous serons au point. »

M’Pelé : la terreur de sang-froid

En marquant trois buts (dont un, il est vrai, détourné par Brulez dans ses propres filets) François M’Pelé a fait pousser un soupir de soulagement à ses dirigeants, ses équipiers et au public de Paris.

Est-il normal d’accorder le premier but encaissé par Angers au crédit de notre héros d’un soir ? Rappelons les faits. M’Pelé déborde sur la droite, se trouve à la lutte avec le défenseur central angevin Brulez. Les deux hommes roue dans roue si l’on peut dire, arrivent à hauteur des dix-huit mètres. Est-ce que M’Pelé alors tire, ou est-ce qu’il centre ? Le distinguo est difficile à établir car le solide François tente souvent sa chance même dans les angles les plus impossibles. Souvent aussi, il centre comme s’il tirait, cherchant visiblement à mettre en position de marquer contre leur camp les défenseurs adverses qui se replient. (Le cas a failli se produire une fois de plus en deuxième période, une fois de plus avec Brulez.)

Toujours est-il qu’après deux minutes et trente secondes de jeu la balle de M’Pelé est légèrement déviée dans ses propres buts par Brulez. Griffoni n’ayant pas supposé cette modification de trajectoire.

Nous accordons ce but au crédit de M’Pelé au bénéfice de l’intention et aussi, au fait que, sans sa tentative, Brulez n’aurait jamais eu ce geste malheureux. C’est l’intention de M’Pelé qui provoque la faute de Brulez. Les deux autres buts de M’Pelé sont ceux d’un joueur possédant une belle confiance en sa force de frappe (tir fantastique de 20 mètres en pleine lucarne et percée entre deux adversaires à la ligne des dix-huit mètres avec un nouveau tir puissant en déséquilibre des 15 mètres environ).

Le contraste est frappant entre ce M’Pelé qui fait régner la terreur dans les dix-huit mètres et la douceur qui imprègne son visage aux vestiaires. M’ Pelé ne fait pas de bruit, récupère en solitaire. C’est un calme.

Il n’a jamais douté, même aux temps les plus difficiles (pas si lointains de Lille ou de Reims) que le P.S.G. s’en sortirait. Son argumentation est basée (comme celle de Fontaine, ou de Hechter a tel point que la leçon doit être bien faite ou qu’elle s’impose d’évidence) sur le fait qu’une équipe renouvelée ne peut trouver sa cohésion si facilement.

M’Pelé cherche-t-il à faire la course en tête des buteurs ? (Justo lui a dit aux vestiaires: « Toi, tu vas battre Bianchi. »)

« – Non, sincèrement je n’y pense pas. Quand je rate un but, je ne suis pas extrêmement satisfait. Mais si mes coéquipiers en marquent et moi pas, je suis content pour eux et pour moi puisque c’est pour l’équipe. Je n’ai pas vraiment d’objectifs personnels. Je prends un peu les choses comme elles viennent. Si j’étais mis en posture de disputer le classement des buteurs, je ne le négligerai pas. Sinon, ce n’est pas une obsession. Je suis plutôt un opportuniste. »

C’est bien ce que l’on disait.


Le stade :

Le Parc des Princes

Le Parc des Princes


 

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