Sélectionner une page

Saint-Etienne – PSG 0-1, 18/09/71, Division 1 71-72

La joie de Roland Mitoraj à l'issue de la rencontre (archives MK)

Samedi 18.09.1971, Championnat de France, Division 1, 7e journée (9e place) à Saint-Étienne, au Stade Geoffroy-Guichard :
A.S. SAINT-ÉTIENNE – PARIS ST-GERMAIN F.C.  0:1 (0:1)
– 14 380 spectateurs. But : Bernard Guignedoux, 20′. Arbitre : M. Maillard.
L’équipe du PSG : Guy DelhumeauJean Djorkaeff, Daniel Solas, Roland Mitoraj, Jean-Paul RostagniJean-Louis Leonetti, Claude Arribas (Jean-Louis Brost, 50′) – Jean-Claude Bras, Michel Prost, Bernard Guignedoux, Gérard Hallet. Entraîneur : Pierre Phélipon.
L’équipe de Saint-Etienne : Castel – Farison, Sanlaville, Herbin, Polny – Broissart, Larqué – Parizon, Révelli, Keinta, Bereta (Repellini, 35′). Entraîneur : Batteux.


Maillot utilisé :

Réédition du maillot domicile 1970-72, version été (collection MaillotsPSG)

Réédition du maillot domicile 1970-72, version été (collection MaillotsPSG)


Photos du match :

Roland Mitoraj s’impose face à Bereta, sous les yeux de Djorkaeff, au sol (archives Pierre Lanfranchi)

Keita reprend un tir de Revelli repoussé par le poteau. Guy Delhumeau s’interposera… (archives Pierre Lanfranchi)

Duel entre Daniel Solas et Keita (archives Pierre Lanfranchi)

Sortie de Guy Delhumeau devant Revelli (archives Pierre Lanfranchi)

La joie de Roland Mitoraj à l'issue de la rencontre (archives MK)

La joie de Roland Mitoraj à l’issue de la rencontre (archives MK)


Vidéo :


Comptes-rendus :

– France Football :

LE PREMIER BUT 71-72 DE GUIGNEDOUX FAIT SUPPOSER BIEN DES CHOSES

Les spectateurs stéphanois avertis eurent rapidement conscience que leur équipe, face à Paris-Saint-Germain, ne tournait pas à plein régime. Il y a des gestes qui ne trompent pas, et Keita, par exemple, avait, dans ses allures magnifiques de félin, quelque chose de blessé qui troublait et inquiétait ses admirateurs.

Heureusement. il y avait Béréta. Redevenu ailier grâce au retour de Bruissait, ses engagements, ses virevoltes, ses centres minutieux étaient, à eux seuls, créateurs de danger. Djorkaeff, son copain de l’équipe de France, avait beau se démener et veiller au grain, il ne parvenait à le juguler qu’imparfaitement.  » Ce Béréta, à lui seul, pensait le public stéphanois, nous tirera encore d’affaire.  »

Hélas, en dix minutes et deux événements, toute la vision d’un match, en principe favorable aux Stéphanois bascule.

Ce fut d’abord le but de Guignedoux, clair et tranchant comme l’épée. Reprenant une balle que Prost avait conservée et conduite avec vivacité, Guignedoux tira avec une détermination qu’on ne lui connaissait plus depuis le début de la saison – Castel, surpris, se détendit, dévia la trajectoire de la balle, mais pas assez pour qu’elle ne heurte pas l’intérieur du poteau et ne franchisse la ligne de but. C’était le premier but de Guignedoux en championnat 71-72. Il valait très cher.

Second coup dur pour les Stéphanois, quelques instants plus tard : l’élimination de Béréta, victime de ses effort, répétés et sans doute excessifs depuis le début de la saison, l’ailier gauche de l’équipe de France s’arréta brusquement et mit la main contre l’intérieur de sa cuisse. On comprit qu’il s’était claqué, et on se félicita, pour son avenir, qu’il quitte le terrain presque aussitôt. Son remplaçant, ne pouvait étre que le 12ème homme, Repellini, qui retrouvait, comme attaquant, le poste qu’il occupait dans l’équipe de France junior. Repellini fut extrèmement brillant, puis s’éteignit peu à peu. En deuxième mi-temps, on ne le vit presque plus.

Ainsi diminuée et réanimée, l’équipe stéphanoise se créa cependant de nombreuses occasions de but – en fait, Saint-Etienne amoindri et Paris-SaintfGermain plus confiant par son but, jouaient un match équilibré et de bon niveau.

Il s’en fallut d’un rien que les Stéphanois n’obtiennent, à plusieurs reprises l’égalisation. Grâce au pied gauche de Larqué, par exemple, dont le tir s’envola inexplicablement. Ou grâce à une extraordinaire reprise de volée de l’extérieur du pied de Patrick Revelli qui trompa complètement Delliumeau, mais qui fut renvoyée par le poteau. Ou encore lorsque Herbin s’écroula dans la surfaee de réparation, victime d’une intervention douteuse de Mitoraj, l’arbitre devait, selon nous, donner penalty ou rien. Il s’en tira par le compromis habituel du coup franc indirect dans la surface.

En deuxième mi-temps, Keita, aux griffes légèrement émoussées, mais dont les rugissements étaient encore redoutables, crut à deux reprises qu’il allait égaliser. Mais deux fois Delhumeau fut à la parade, du pied gauche, d’abord, puis en jaillissant à terre contre le poteau droit. Alors, on entendit crier  » Delhumeau, Delhumeau  » dans la tribune d’en face, et l’on sut que Saint-Etienne serait battu.

Cette défaite, subie en raison de circonstances exceptionnelles, n’obscurcit nullement l’avenir stéphanois. Elle soulignecependant la fragilité, d’une formation qui a peut-être trop demandé, depuis le début de la saison à ses quatre principaux animateurs Béréta s’est claqué une fois encore ; Larqué a fait le minimum ; Keita a manqué de souveraineté ; seul, Herbin s’est prodigué au four et au moulin, avec une générosité qui contrastait étrangement avec la prudence de ses partenaires, Et, lorsque craquent les capitaines, comment demanderait-on aux soldats d’arracher la victoire ? Broissart, Sanlaville, Farison, pour des rentrées, n’ont pas été mauvais. Mais on n’a guère aperçu, dans les moments cruciaux, Parizon et Revelli.

Quant à l’équipe parisienne, elle a séduit ceux qui ne la connaissaient pas, par son sérieux, sa bonne volonté, sa constance dans l’application d’une tactique bien définie.

Paris-Saint-Germain a ce mérite de ne pas vouloir voler plus haut que ses propres ailes, mais de tirer le meilleur parti possible de son effectif actuel et de s’améliorer constamment.

Sa défense apprend à lutter avec sang-froid et à récupérer le ballon collectivement, sans affolement. Le milieu de terrain avec Arribas, sur Keita, Leonetti et Guignedoux accomplit une besogne excellente, mais, en perdant Claude Arribas (blessé aux adducteurs), risque de se trouver déséquilibré pour les prochaines rencontres.

Quant aux trois attaquants de pointe, Bras, Hallet et surtout Prost, ils ont surpris les Stéphanois par la vivacité et la netteté de leurs actions, tant individuelles que collectives.

 » Ce n’est pas encore une grande équipe, disait Fleury Di Nallo venu assister an malels en voisin avec Pibarot, Mignol et Baeza, mais c’est une équipe solide qui poursuit son apprentissage et son ascension avec une application remarquable.  »

Ajoutons qu’à nos yeux, il faudrait très peu de chose à ce Paris-Saint-Germain pour viser encore beaucoup plus haut.

– L’Equipe :

Les Stéphanois, trois jours après leur match de coupe européenne, ne pouvaient triompher que d’un adversaire moins tenace et moins ambitieux que le Paris-Saint-Germain car ils étaient trop affaiblis, et ils le payèrent. La fidélité de leur public ne leur suffit pas. Près de 15.000 spectateurs espérèrent jusqu’au bout, puis, les voyant battus, retournèrent contre eux avec cruauté leurs propres désillusions.

Les malheurs de Saint-Etienne et sa défaite avaient commencé avant le match : grippe de Merchadier, blessure au coude de Castel, le gardien, rentrée de Broissart et de Farison à court de compétition. Et Bereta qui jouait, lui, et dont chaque action d’ailier gauche créait le danger, se claqua au bout d’une demi-heure de jeu et laissa sa place à Repellini.

La récupération d’Herbin

C’était beaucoup, mais Saint-Etienne aurait sans doute quand même gagné si ses joueurs-clés – ceux que Roger Rocher appelle son « carré d’as » – avaient récupéré de leurs efforts récents. Mais Bereta, je l’ai dit, disparu, Jean-Michel Larqué, au milieu du terrain, joua un match terne, anonyme, Keita étroitement surveillé et privé de punch, ne connut pas sa réussite habituelle. Seul Robert Herbin se prodigua avec une extraordinaire aisance au poste de « bétonneur ». Il avait en guise de récupération, couvert six kilomètres à pied, la veille, tout seul…

Les autres Stépĥanois, les jeunes, étaient trop tendres et trop marqués, eux aussi, par les matches antérieurs pour redresser la barre. On ne vit pour ainsi dire jamais les deux Patrick, Parizon et Revelli.

Et puis enfin, face à cette équipe diminuée, il y avait un bon Paris-Saint-Germain qui continue ses classes, mais gagne chaque semaine en confiance, en sérénité, en efficacité. Un Paris-S.-G. Moins brillant et moins percutant que le samedi précédent devant Nice, mais qui s’y prit exactement comme il fallait pour réaliser son exploit.

D’abord les Parisiens résistèrent à la pression stéphanoise, face à la rigueur de leur système défensif où Solas marquait Revelli tandis que Claude Arribas s’attachait aux pas de Keita.
Puis ils s’enhardirent, prirent des risques offensifs et marquèrent leur but avec une détermination qui surprit les Stéphanois : double action de Prost sur la gauche et passe en retrait à Guignedoux dont le tir rapide et remarquablement placé, fusa. Castel toucha la balle en plongeant, mais ne put l’empêcher de frapper l’intérieur du poteau et de gicler dans les filets.

Moins d’une minute plus tard, Michel Prost, après un débordement à toute allure, envoya au ras de la ligne de but une balle qui donna des frissons à tout le stade. Si Bras était parvenu à la pousser dans les filets de Castel, le K.-O. Stéphanois eut été irréparable.

Menant 1-0, les Parisiens s’appliquèrent à la fois à conserver leur but inviolé et à pousser des incursions insidieuses et souvent dangereuses dans le camp stéphanois.

On crut à plusieurs reprises à l’égalisation de Saint-Etienne : sur un tir de Larqué du gauche à bout portant (27è), sur une percée de Revelli, contré désespérément par Arribas (29è), sur une reprise de volée spectaculaire du même Revelli que repoussa le poteau droit de Delhumeau (33è) et lorsque Herbin fut abattu par Mitoraj juste à l’intérieur de la surface de réparation (41è). En deuxième mi-temps, Delhumeau eut deux arrêts décisifs sur des tirs de Keita qui semblaient devoir faire mouche, et Herbin manqua une balle de la tête devant le but ouvert.

Un match nul n’aurait donc pas été injuste, mais le mérite des Parisiens est grand d’avoir su préserver leur victoire par la précision de leur jeu, par leur totale solidarité, et par leur sang-froid.

Ils eurent, aux aussi, à subir un remaniement. Arribas, touché aux adducteurs, ayant dû sortir juste après la mi-temps, Solas prit Keita en charge, Leonetti et Hallet revenant en défense, tandis que Brost prenait place sur le terrain. Et chacun joua à merveille son nouveau rôle, notamment le blond Solas, étonnant d’abattage, de hargne et de culot.

Il est naturel que les défenseurs se soient mis particulièrement en vedette au Paris-S.-G. Et surtout Delhumeau, le gardien, dont la sobriété, le placement, la maîtrise technique et les réflexes font un des premiers spécialistes français. Son nom fut une nouvelle fois scandé par les supporters parisiens.

Mitoraj, l’ancien Stéphanois, se tira bien d’affaire et savoura doublement sa victoire. Rostagni et Djorkaeff en défense, Guignedoux et Leonetti travaillèrent avec justesse et application. A l’attaque, le plus brillant fut encore Michel Prost, l’avant-centre français qui monte, mais ni Bras ni Hallet ne déméritèrent.

J’ai souligné la grande présence et le rayonnement de Roby Herbin et les coups de patte terribles mais légèrement émoussés de Keita. Sanlaville ne fit pas de mauvais débuts, Broissart se dépensa sans compter, mais c’était insuffisant. Et les Stéphanois connurent ainsi sur leur terrain, leur deuxième déception de la saison. Je pense qu’ils ne devront dramatiser davantage, que leurs succès précédents ne devaient les faire croire au miracle. Saint-Etienne 71-72 est une équipe qui recommence.


Le stade :

Le stade Geoffroy-Guichard

Le stade Geoffroy-Guichard


Loic
Suivez-moi
Les derniers articles par Loic (tout voir)