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Valenciennes – PSG 1-0, 23/01/72, Coupe de France 71-72

Jean-Claude Bras sur la pelouse du stade Auguste-Delaune

Dimanche 23.01.1972, Coupe de France, 1/32 de finale à Reims, au Stade Auguste-Delaune :
U.S. VALENCIENNES-ANZIN (D2) – PARIS ST-GERMAIN F.C.  1:0 (0:0)
– 2 343 spectateurs. But : Joseph, 68′. Arbitre M. Petit.
L’équipe du PSG : Camille ChoquierJean Djorkaeff, Daniel Solas, Roland Mitoraj, Jean-Paul RostagniJean-Louis Leonetti, Claude ArribasJean-Claude Bras, Michel Prost, Bernard Guignedoux, Gérard Hallet. Entraîneur : Pierre Phélipon.
L’équipe de Valenciennes : Dropsy – Joly, Coumba, Rodighiero, Dugueyperoux – Gaudry, Coustillet (Jolis, 82′) – Giachetti, Joseph, Guinto, Six. Entraîneur : Domergue.


Maillot utilisé :

3ème maillot 1971-72


Photos du match :

Intervention de Camille Choquier devant Joseph

Nouveau duel, mais cette fois Joseph trompe Choquier et marque le seul but du match… (archives Pierre Lanfranchi)

Le but Valenciennois sous un autre angle…

… et le désarroi parisien.

Michel Prost (n°9) à la lutte avec le numéro 4 valenciennois Rodighiero sous les regard de Jean Djorkaeff, Gérard Hallet, Gaudry, Coumha et Jean-Claude Bras (archives S. Bride)

Jean-Claude Bras sur la pelouse du stade Auguste-Delaune

Jean-Claude Bras sur la pelouse du stade Auguste-Delaune

Roland Mitoraj, Jean Djorkaeff, Jean-Louis Leonetti, Michel Prost et Gérard Hallet regagnent les vestiaires


Comptes-rendus

– L’Equipe :

Après cette nouvelle défaite inquiétante dans la mesure où elle s’inscrit après une longue série de mésaventures survenues en Championnat, nous aurions beau jeu de taper à bras raccourcis sur les joueurs parisiens. Nous pourrions aussi bien réclamer la tête de l’entraîneur sur l’air des lampions.

Ceux-là mêmes qui allument ces inconditionnels supporters du Paris-S.-G., même par les températures les plus froides comme celle qui régnait hier à Reims. Mais, ce soir, nous n’avions certaienement pas le coeur pour nous mettre à cet ouvrage.

En sport, dans n’importe quelle discipline que ce soit, ne peut être blâmé que celui qui manque de courage et de vaillance. Or pas un seul des 2.343 spectateurs présents au stade Auguste-Delaune (une misère, soit dit au passage, que cette assistance!) ne pouvait reprocher quoi que ce soit aux joueurs de Phelipon dans ce domaine essentiel du courage.

Pauvre Phelipon ! Il n’a pour ainsi dire pas suivi, du moins pas voulu regarder, les vingt dernières minutes du combat désespéré que livraient ses joueurs à ces jeunes et intrépides gamins qui constituent la moitié d’une formation valenciennoise qu’un but de Joseph avait su libérer au moment opportun.

Ce but de Joseph, croyez-nous, les Parisiens ne sont pas près de l’oublier. Ils en reparleront comme d’un cauchemar.

Et quand je dis les Parisiens, je pense surtout à Rostagni, lequel, en voulant adresser une passe à Choquier, permit à Joseph de marquer dans des conditions incroyables de chance. Chance dans la mesure où l’avant-centre de V.A. qui, il est vrai, a l’art de se « fourrer » dans de bons coups, ne fit que contrer le dégagement au pied du goal parisien.

Toujours est-il que ce but coupa net l’élan des Parisiens : dans leur malheur ceux-xi pourront toujours dire qu’ils eurent le match en main une heure durant.

En effet, pour avoir attaqué ce match avec décision et énergie, les Guignedoux, Prost et Bras se procurèrent, en première mi-temps, des occasions de but toutes plus belles les unes que les autres.

Ce fut en vain ! Valenciennes, bien groupé devant un Dropsy étonnant de classe et de culot, ne céda pas un seul pouce de terrain.

Il est possible avec le recul de situer le tournant du match à la 32è minute quand, à la suite d’une action personnelle de Guignedoux, Arribas buta par deux fois sur Dropsy. Sur le premier tir de l’ex-Nantais Dropsy renvoya la balle de la poitrine. Deux secondes après il détournait du pied le deuxième essai d’Arribas.

Dropsy imbattable, Joseph qui vient là où on ne l’attend pas, Paris-Saint-Germain volontaire mais inefficace, c’est, en quelque sorte, l’histoire d’un match qui se disputa sur un rythme toujours alerte.

– La Voix du Nord :

Les J 3 (juniors 3ème année) de V.A.

En fait. Valenciennes a remporté trois succès, dimanche, à Reims :

1- Sa qualification pour les seizièmes de finale de Coupe.
2- Une victoire sur son public qui ne pourra que dire, d’une façon coupable : « Ils ne sont quand même pas mal. ces petits ».
3- Victoire financière, car il est bien certain que si les Valenciennois ont la chance de tirer un bon numéro pour les 16èmes, ils réaliseraient, en aller et retour des une opération financière qui leur permettrait de boucler leur budget.

Aussi les Valenciennois arboraient-ils un énorme sourire, en levant leur coupe de champagne, au club-bouse du Stade de Reims. M. Patrelle, lui, montrait (amicalement) le poing vers Joseph, qui venait de plonger le Paris S.G. au fond du trou. Car elle n’est pas belle, la situation du club parisien, après ce match qu’il eut vingt fois la possibilité de gagner !

Mais, pour cela, il aurait fallu vaincre la vieille garde de V.A., cette défense qui livra un match extraordinaire en ne laissant jamais un dixième de seconde de répit aux avants de Saint-Germain. C’est là tout le secret de la victoire valenciennoise, et, à cet égard, les deux arrières d’aile et Coumba. qui avaient surtout un rôle d’interception, Rodighiero étant plutôt en couverture, furent remarquables. J.-C. Bras n’en revenait pas d’avoir été contré de la sorte par Dugueyperrou, encore timide réserviste quand il était ailier gauche (international) de l’U.S.V.A.

De même on insistera sur le rôle de Joly, qui parut encore plus a l’aise comme relayeur.

Ceux-la, on les connaissait. Par contre, on éprouvait de légitimes craintes pour tous ces gamins que V.A. n’avait pas hésité à lancer dans une circonstance aussi importante : Dropsy (20 ans), Gaudry (18 ans et demi), Giachetti (19 ans) et Six (17 ans et demi). Face aux hommes mûrs de Saint-Germain, à ces professionnels roués, rompus à toutes les ficelles du métier, comment allaient réagir les J 3 valenciennois ? Parfaitement, à l’exception de Didier Six, dont les qualités techniques ne sont absolument pas en cause, et qui d’ailleurs ne recula jamais devant Djorkaeff… mais le jeune Valenciennois est vraiment trop inexpérimenté, léger, fluet, a ce niveau. Qui sont ces jeunes ? Laissons-leur la parole :

Dominique Dropsy :

« Je jouais à Hirson où mon père tient une entreprise de transport. Sélectionné des cadets de Picardie, puis pré-sélectionne en équipe de France, j’avais fait un stage à Reims, un match d’essai à Lille, un autre à Nantes. Et puis, il y a deux ans, j’ai préféré opter pour Valenciennes, ce qui me permet de retrouver mes parents chaque semaine. C’est la blessure de Lavniczak qui m’a permis de disputer ce match, car je ne suis que second gardien. Jamais, je ne m’étais senti aussi inspiré qu’en ce dimanche ».

Dominique Caudry :

« Je jouais à Amboise, et j’ai participé en même temps que Desmenez à la finale du concours du jeune footballeur. M. Chiarelli, qui entraine Lucé, me présenta aux Valenciennois. Des amitiés naquirent, et je suis venu à Valenciennes il y a près de trois ans. Mon père, qui est directeur d’auto-école à Amboise vient voir son fils (unique) à chaque occasion possible. J’ai eu des crampes pour la première fois, et j’ai déjà été plus à l’aise ».

Jean-Marc Giachetti :

« Pendant dix minutes, j’ai eu peur. Après, le trac s’est envolé… c’était quand même Rostagni, et cela, on ne peut pas l’oublier. J’ai été international juniors pendant trois saisons. Cela doit me faire une bonne vingtaine de sélections. Je n’ai pas tenu de comptabilite…

Didier Six :

« En première mi-temps, j’étais contracte. Il y avait une telle différence de poids, de puissance, que je ne pouvais pas espérer grand-chose. J’ai essayé, comme on me l’avait demandé, de défendre le ballon car Djorkaeff, si on le laisse agir à sa guise, peut être très dangereux par ses montées offensives ».

Claude Coumba :

Ce n’est pas un J 3 puisqu’il a 24 ans… mais il vient tout juste de débuter en équipe première. « Je ne savais presque rien du foot-ball, en débarquant de Cayenne où je jouais au « Sport Guyannais ». J’avais plutôt le style sud-américain. Quelle différence avec le jeu direct, viril, de l’Europe. Je suis resté un moment au Red star puis je suis venu à Valenciennes (mon frère est prof d’E.P. à Landrecies). J’aimerais faire carrière dans le football, puis devenir carossier-tôlier ». Signalons que l’entraineur valenciennois Robert Domergue ne tarit Pas d’éloges sur ce footballeur obstiné : « Il avait grand besoin de travailler sa technique. Pendant un an, il est venu au stade l’aprés-midi, faire deux heures de ballon… et si on ne lui disait pas d’arrêter, il aurait fallu allumer les projecteurs… Il n’y en a pas des tas, comme lui ».


Le stade :

Le stade Auguste-Delaune

Le stade Auguste-Delaune


Loic
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