Et l’aigle pris son envol sous le ciel de Paris
Pedro Miguel Pauleta. Un nom qui résonne pour toujours dans le cœur des parisiens. Il y a 15 ans déjà, le Cyclone des Açores signait au PSG pour devenir à jamais l’Aigle des Açores. A tout supporter qui a connu cette époque, prononcez-lui le nom de Pauleta et très vite un sourire apparaîtra sur son visage. Un sourire de respect, d’admiration et même parfois de nostalgie.
Bordeaux était devenu trop petit pour Pauleta. Le Parc des Princes devait lui offrir l’espace nécessaire pour déployer des ailes trop grandes pour un autre Parc déjà débaptisé. En 2003, Paris voulait renouer avec des ambitions mises à mal par trois saisons précédentes plutôt médiocres, voire mauvaises. Cette ambition se devait d’être à la hauteur du talent d’un buteur qui avait déjà sévi 91 fois en 130 matchs sur les bords de la Garonne. Parce que Pedro, c’est ça : un buteur. Rien de plus, oui, mais surtout rien de moins. De cette race si rare des buteurs qui défient les lois du perfectible. De ceux qui cachent une certaine misère environnante. Et c’est bien la seule opportunité que n’a pas vraiment eue Pauleta : évoluer dans une grande équipe du PSG, ou au moins une équipe digne de lui. Jouer à Paris lors de ce qu’on pourrait appeler pudiquement la décennie la plus frustrante de l’histoire du PSG, offrit à Pauleta à la fois un coup de projecteur et un fardeau qui faillit bien être si lourd à porter.
De ses cinq années parisiennes, Pauleta a tout connu ou presque. La lumière, la gloire, souvent personnelle, rarement collective. Jusqu’à une soirée européenne cauchemardesque dont le score final sera vite oublié tellement le seul drame sera ailleurs. Et puis, cette dernière année en 2008. Non, Pauleta ne pouvait pas devenir ce capitaine qui fit descendre le PSG en seconde division. Pas lui. Saint-Amara eut alors la bonne idée de ne pas infliger cette sentence divine à notre buteur. Non Pauleta ne méritait surtout pas ça. Seul devait rester le bonheur d’avoir compté dans nos rangs ce buteur exceptionnel, cet homme d’une sobriété tellement reposante. Dans nos mémoires, seul ce but improbable contre l’OM de Barthez devait symboliser son passage dans la capitale. Parce que dans ce but, il y a tout Pauleta, au-delà de l’adversaire qui ne fait que rajouter une couche de légende. Le décalage, le coup de rein et cette frappe chirurgicale, d’une froide efficacité, d’un égoïsme si pertinent. Oser est une chose, réussir est la marque des grands. A deux centimètres près, la mémoire des supporters se serait sans doute consolée avec ce but contre Nantes à la Beaujoire en Coupe de France. Un but d’une infinie technicité que Landreau admira lui-même. Surtout qu’il y eut 108 autres buts. Notre meilleur buteur dans l’histoire du club évidemment avant que sa majesté Zlatan et El Matador accostent sur les bords d’une Seine au courant tellement plus porteur. Combien de fois n’a-t-on pas entendu : « Ah si Pauleta avait bénéficié d’une telle équipe ! ». Lui-même en a rêvé. Forcément.
Oui mais Pedro est grand parce qu’il possède aussi sa propre histoire. S’il est rentré dans notre mémoire, dans notre cœur, ce n’est pas seulement pour cette centaine de buts. Les généraux se distinguent souvent en temps de guerre, rarement en temps de paix. Fluctuat Nec Mergitur. Jamais aucun autre joueur n’aura autant porté cette devise. Jamais aucun autre joueur n’aura autant brillé dans la pénombre. S’il doit beaucoup au PSG, le club lui doit aussi tellement. Nous les premiers. Et nous, nous n’oublierons jamais.
Nous raconterons ta légende aux plus jeunes. Parce qu’ils doivent savoir ce que tu as fait et ce que tu représentais pour nous. Merci Monsieur Pedro Miguel Pauleta. Tu ne seras jamais déchu de ta nationalité parisienne parce qu’elle est inscrite bien ailleurs que dans les statistiques d’un club.
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