Le PSG bashing, fantasme et réalité.
Le PSG bashing, fantasme et réalité.
Depuis la prise de pouvoir de QSI sur le PSG et depuis l’intégration forcée du mot « bashing » au sein de la langue de Molière, le « PSG bashing » semble être devenu une marque. Une marque non-déposée, libre de droits, usée et abusée par ceux qui la contestent, par ceux qui la dénoncent, par ceux qui sont soupçonnés d’en faire une ligne éditoriale. Le PSG bashing n’est pas né ex nihilo d’une création médiatique dans des rédactions parisiennes infiltrées ou dans des rédactions provinciales aigries. Les salles de de rédaction ne sont plus depuis bien longtemps des laboratoires d’idées, elles sont au mieux des agitateurs. Le PSG bashing a une source bien plus populaire et populiste, il est avant tout le fruit d’un courant de petite pensée issu de notre société. Un courant de petite pensée déformé et vomi par les réseaux sociaux qui trouve un formidable écho dans ces dizaines de talks foot. Ces talks foot, version modernisée et télévisée du célèbre café du commerce que nous fréquentons toutes et tous avec un plaisir plus ou moins dissimulé et un recul plus ou moins adapté.
Le PSG n’a pas attendu QSI et Twitter pour avoir cette belle tête de vainqueur. A la création du PSG, le bashing n’était alors qu’un mot anglais inconnu. Et pourtant, les premières crispations, les premières aigreurs existaient bien. Aujourd’hui quand vous citez ces quelques mots « Paris, Hechter, RTL, Belmondo », tout le monde y voit le charme désuet de ce football populaire que ce même tout le monde porte en étendard tout en n’oubliant pas d’admirer les arabesques madrilènes de l’étoile Zidane. Le temps a fait son œuvre, le devoir de mémoire est sélectif car, dès le milieu des années 70, le PSG était déjà accusé d’appartenir au monde de l’argent et aux puissances médiatiques trop parisiennes. Dans ce monde encore fermé du football, il était aussi de notoriété presque publique que le PSG avait bien obtenu un passe-droit lors de son divorce avec le Paris FC pour ne pas redémarrer dans les abysses du football amateur. Même si parler d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître peut sembler inapproprié lorsqu’on évoque un sujet comme le PSG bashing, il est toujours utile de localiser le premier filet de ce fiel qui a fait la source, qui a fait le fleuve, qui a fait la mer.
Paris, argent, pouvoir, l’association de ces trois mots a toujours collé à la peau du PSG tel un maillot jaune XS avant sa rupture de stock. Trois mots indissociables, pour le meilleur et pour le pire, à tort ou à raison, à tort et à travers. Dans les années 70, le PSG était ce club sorti de nulle part et surtout des poches parfaitement cousues et pleines d’un couturier associé à l’élite parisienne, médiatique et artistique. Dans les années 80, l’imaginaire malsain allait encore un peu plus loin pour ce club de pieds-noirs forcément douteux. Et puis il y eut l’époque Canal Plus, ce couple franco-parisien déjà tumultueux ne pouvait alors que divorcer. Canal lui-même alla jusqu’à organiser les prémices plus ou moins guignolesques d’un PSG bashing, histoire de satisfaire aussi les abonnés de province et de Provence. D’autant que, pendant ce temps, quelques dizaines de décérébrés avaient fait passer le public parisien pour une horde gigantesque de nazillons assoiffés de sang mêlé. Un fond de pension américain a eu beau ensuite essayer de faire du PSG un club aussi normal que médiocre, ce divorce était prononcé depuis trop longtemps. L’ère QSI que nous vivons aujourd’hui excite comme jamais le peuple dans ses plus bas instincts. Paris, argent, pouvoir ; cette fois, le triptyque de la honte n’a jamais été aussi avéré. On y ajoute même dorénavant un autre mot : Paris, argent, pouvoir… et Qatar, ça en est donc trop. Alimenté par une nouvelle donne économique et médiatique (BeIn, SFR,…) et un contexte géopolitique simplifié de la façon la plus vulgaire et la plus inculte, le PSG bashing devient une évidence, une nécessité, un recours.
Du café du commerce, ce PSG bashing a migré logiquement et naturellement dans les salles de rédaction et sur les plateaux des talks. Les consultants et les journalistes ne sont pas forcément populistes mais ils n’y sont pas moins étanches que vous et moi. Ils en sont aussi les acteurs et les catalyseurs, malgré eux ou pas. Ils y ont surtout un intérêt à l’heure de la toute-puissance des audiences. Imaginez un talk qui ne ferait qu’encourager sans cesse un investisseur étranger qui tente de placer ce club parisien parmi l’élite européenne. Imaginez un journal qui soutienne contre vents et marées ce même club parisien honni avant un match retour décisif de Ligue des Champions. Imaginez qu’il analyse une débâcle de façon objective pour comprendre ce qui a bien pu se passer plutôt que d’en rire avant de condamner leurs coupables à une mort médiatique. Imaginez tout ça et avouez que, pour ce peuple qui exècre le parisianisme, ce serait insupportable à lire ou à entendre. C’est là que la magie du casting et de la ligne éditoriale intervient. Ne croyez jamais que les patrons de L’Equipe, de RMC, de Canal et pourquoi pas de BeIn sont des idiots et des PSG haters, pour employer un nouvel anglicisme du moment. Leur mission, leur Graal s’appellent l’audience, les ventes. Oui, ils pourraient bien aussi élever le niveau mais c’est une mission trop compliquée, beaucoup trop long terme en tous cas. Et puis trop de Didier Roustan, d’Habib Beye ou de Geoffroy Garétier, pour ne citer qu’eux, finiraient par agacer avec leurs analyses bien trop professionnelles et surtout bien trop mesurées. Médiamétrie n’aime pas le long terme, Médiamétrie n’aime que sa propre mesure. Il faut donc caresser et casser du parisien pour simuler une liberté de ton, un pluralisme éditorial et stimuler notre cerveau primaire, ce même cerveau qui achète aussi. Analysez toujours le casting d’un journal ou d’une émission, vous vous apercevrez qu’il est rarement un heureux ou un malheureux hasard. On caresse un jour, on casse un autre jour. Ou bien le même jour, l’un caresse, l’autre casse. Quand on a trop cassé la veille, on veille à caresser un peu le lendemain, il ne faudrait pas non plus que les parisiens n’achètent plus évidemment. La ligne éditoriale soumise à une audience déifiée est un subtil équilibre à trouver. Si 80% de votre audience n’aime pas le PSG, n’allez pas lui infliger 80% de caresses parisiennes. Le PSG fait de l’audience, le PSG fait vendre, comme il remplit tous les stades de nos adversaires. Ce n’est pas un paradoxe. Encore un petit effort d’imagination, bon là un bien bel effort d’accord : vous êtes un marseillais un peu ronchon et envieux, Marseille vient de faire match nul contre Dijon, pas la peine d’y passer plus de 5 minutes dans un talk donc. Mais si juste après vous assistez à 30 minutes de PSG bashing plus ou moins mérité, avouez qu’avant d’aller se coucher, c’est quand même plus efficace qu’une tisane.
Le PSG bashing dans les médias n’est ni un fantasme d’origine parigo-paranoïaque, ni une réalité d’origine tout à fait naturelle. C’est un concept. Un concept d’autant plus facile à créer qu’il s’appuie sur une culture d’anti-parisianisme historique dans la société et sur une aversion du PSG nourrie pendant plus de 40 ans. Notez d’ailleurs à quel point le parisianisme est devenu un mot tellement péjoratif dans le langage courant. Le PSG bashing est donc un concept marketing, c’est de l’utilisation du temps de cerveau provincial disponible. Tout cela est organisé, une réponse par l’offre à la demande du peuple. Une offre que vous retrouverez en politique quand il s’agit de dénoncer le pouvoir centralisé, les bobos et tous les poncifs habituels sur Paris. Ne croyez pas qu’une victoire du PSG en Ligue des Champions changerait la donne. C’est même tout le contraire. On entend souvent que seule cette victoire du PSG le ferait rentrer dans le cœur de tous les français; c’est soit naïf, soit mensonger. Le PSG n’a plus aucun problème avec une frange de son public, le PSG est devenu poli à l’extrême, en privé et en public, le PSG finance la Ligue 1 et les caisses de l’état, le PSG n’a jamais autant investi dans les quartiers et dans sa fondation. Le PSG est beau, propre, lisse, presque trop. Et pourtant, jamais il n’a été autant décrié. Rien n’y fera. C’est à peine si une relégation en Nationale 3 du PSG attirerait un peu de compassion de la part des plus dociles de ses détracteurs. Dans l’ADN du PSG, ce désamour au mieux populaire, au pire populiste, y est inscrit à tout jamais. Il n’existe aucun complot anti-PSG dans les médias, un business plan n’est pas un complot, c’est un piège à paranoïaques destiné à favoriser le buzz. Oui, les premiers vecteurs du PSG bashing, c’est nous, c’est vous, c’est moi là en ce moment. C’est cynique le marketing. Si nous ne sommes évidemment pas les géniteurs zélés du PSG bashing, nous le faisons grandir, nous le diffusons, nous l’amplifions malgré nous par nos réactions, nos colères. C’est brillant le marketing.Ne confondons surtout pas tout. La vague anti-PSG qui vient de franchir nos frontières n’est pas un PSG bashing. C’est bien plus grave, c’est beaucoup moins distrayant. Ce front belliqueux possède en lui une origine encore moins noble malgré qu’il soit justement constitué par cette grande noblesse du football européen. Cette fois, le parisianisme n’est pas en cause. Non, cette fois on se fait même traiter de « sales riches » par plus riches que nous. Le noble déteste le bourgeois. Le bourgeois déteste le parvenu. Le noble veut surtout oublier qu’il est un ancien bourgeois amnésique. Nous verrons dans peu de temps jusqu’où osera aller ce syndicat des monarques. Parce qu’il est terriblement plus dangereux, terriblement plus cynique. Il ne veut pas blesser, il veut détruire toute force qui s’oppose à lui ou qui ose simplement vouloir s’asseoir à sa table royale. Avant, le seul terrain de football suffisait à asseoir sa puissance. Il faut croire que ça ne lui suffit plus.
Le PSG bashing est bien français lui. Et en France, Paris attire les lumières, amicales ou hostiles. Le PSG est viscéralement parisien, il ne peut donc pas rester dans l’ombre et y échapper. Paris est souvent critiquée, parfois incomprise et même haïe mais cette ville et son club ne laissent jamais indifférents. Il n’y a rien de pire que l’indifférence, tout le monde le sait. Alors profitons de cette reconnaissance, écoutons nos détracteurs, lisons leurs pamphlets et mesurons la chance que nous avons de savoir pourquoi le PSG bashing existe. On encensera encore le PSG, souvent trop, et on le brûlera encore, souvent trop aussi. La raison et la mesure sont bien trop ennuyeuses et incongrues quand on parle du PSG. Et avec de tels amis, pas besoin d’ennemis.
@PSG_Origine
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bon texte et facile a lire. c’est plus gacile a lire pour les plus de 40 ans ! notre succes dans la passion et les trophes a tjrs deranger a Paris ou en province. je vois le meme probleme a Dublin pour le foot gaelic amateur tout le monde deteste Dublin. le meme bashing
Un petit rappel du passé est nécessaire pour comprendre 😉
Merci en tous cas !
Juste top Tout est dit Merci ce match de 93 j’y étais et ne pourrait Plus Jamais revivre ces émotions.
Le passage sur l’historique de la haine (ou au mieux de la défiance) à l’endroit de notre cher club est tellement vrai… Je l’ai moi-même découverte en fouillant des archives pour créer nos fiches de match et me permet de citer in extenso la note que j’ai ajoutée à la fiche du Lille – PSG de 1971-72 :
« Visiblement, la rancœur (voire la haine ?) que certains journalistes vouent à notre club est aussi vieille que lui… En la matière, cet article du Miroir du Football, relatant pourtant notre victoire à Lille le 30 janvier 1972, est assez édifiant.
Etant né peu après le PSG, je n’ai eu conscience de son existence qu’avec nos premiers trophées nationaux, au début des années 80. Je n’ai donc découvert ses débuts qu’a posteriori et les Djorkaeff, Guignedoux ou autre Bras ont toujours eu pour moi l’image de vaillants pionniers, évoluant dans une équipe qui m’était de ce fait sympathique.
Naïvement et sans m’être jamais vraiment posé la question de l’image du PSG dans les médias ou l’opinion publique d’alors, je pensais ma vision positive partagée par tous… Il n’en était évidement rien (pourquoi d’ailleurs aurait-ce été le cas ?) et ce papier d’un certain Francis Le Goulven est déjà rempli des poncifs anti-parisiens qu’on nous sert encore aujourd’hui dans la presse :
– la crise parisienne : « Une victoire, la première depuis le 13 novembre, suffit-elle à réhabiliter P. Saint-Germain (sic) et à faire oublier qu’une semaine auparavant son président désespéré, résumait ainsi la situation : On a touché l’abîme ? » . Ou OK, vous avez gagné, mais ne vous enflammez pas, c’est quand même la crise…
– la lutte de l’argent contre les valeurs ancestrales de notre beau football (« Champion de France des subventions », « Il n’y avait plus de football à Paris, alors des promoteurs plutôt bien placés ont voulu brûler les étapes, croyant comme la majorité de leurs collègues qu’il suffisait d’aligner des noms pour s’imposer »)
– « l’équipe de la Fédération ». Leitmotiv immuable, né des origines du club et de sa situation géographique, le PSG était, est et sera à jamais, dans l’esprit de certains provinciaux, le club de la Fédération, bien sûr protégé par les arbitre et les instances nationales…
– des bourrins qui tuent le beau jeu en misant sur le physique pour masquer leurs insuffisances…
– le journaliste qui s’auto-investit de la fonction de juge, capable de rabaisser une victoire en lui conférant un caractère immérité.
En fait, on s’aperçoit à la lecture de ce papier que les journalistes contemporains n’ont rien inventé. D’accord, ils arrivent un peu mieux que ce Francis Le Goulven à masquer leur déception de voir le PSG l’emporter. Mais tout ce qu’il reproche au club, à ses dirigeants ou à ses joueurs (parfois non sans raison) fait toujours partie des discours actuels de ses successeurs. Depuis les comptes-rendus de matchs complètement à charge jusqu’aux sempiternelles railleries concernant les déboires du club (voir la façon dont Le Goulven semble se délecter de l’échec du transfert de Pelé).
Bref, aujourd’hui comme hier, No one likes us, we don‘t care ! »
Donc rien de nouveau sous le soleil, malheureusement… 🙂
Rien de nouveau non… Mais c’est important, notamment pour les plus jeunes d’entre nous, de comprendre d’où ça vient et pourquoi on en est là. Je vois bien que les plus jeunes réagissent très mal à cette situation sur les réseaux sociaux, ils ne comprennent pas. Si on peut leur donner quelques clés pour comprendre, ce n’est pas plus mal.