PSG – Juventus 2-2, 19/10/83, Coupe des Coupes 83-84
Mercredi 19.10.1983, Coupe des Vainqueurs de Coupe, 1/8 de finale, match aller à Paris, au Parc des Princes :
PARIS ST-GERMAIN F.C. – JUVENTUS F.C. (Ita.) 2:2 (1:0)
– 48 776 spectateurs. Buts : Alain Couriol, 39′ ; Boniek, 63′, Cabrini, 78′, Michel N’Gom, 90’. Arbitre : M. Christov.
L’équipe du PSG : Dominique Baratelli – Yannick Guillochon, Jean-Marc Pilorget, Dominique Bathenay (Mustapha Dahleb, 50′), Franck Tanasi – Manuel Abreu (Michel N’Gom, 65′), Pascal Zaremba, Luis Fernandez, Alain Couriol – Dominique Rocheteau, Safet Susic. Entraîneur : Lucien Leduc.
L’équipe de la Juventus : Tacconi – Gentile, Brio, Scirea, Cabrini – Caricola, Tardelli, Platini, Boniek – Penzo, Rossi (puis Bonini, 75’). Entraîneur : Trapattoni.
Maillot utilisé (avec les logos équipementier et publicitaires aux normes UEFA) :
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Compte-rendu (Onze) :
Le parc des Princes, ce jour-là, avait revêtu ses plus beaux atours. Une folle ambiance présidait à ce match. On se serait cru pour un peu à une finale de Coupe d’Europe. Et pourtant, ce n’était qu’un huitième de finale de la Coupe des Coupes. Mais une grande partie du tout-Paris était présent.
Paris-Saint-Germain entrait de plein pied dans le concert international. Depuis le temps que chacun, dans la capitale, attendait cet événement ! On allait voir ce qu’on allait voir ! La Coupe des Coupes de l’an dernier n’avait été, en fait, qu’un hors d’oeuvre. Ce jour-là, on attaquait le plat de résistance. Et quel plat, mes amis ! Rien moins que les favoris de la compétition, avec le Grand Michel Platini parmi eux. A ses côtés, il y avait aussi des champions du monde, Gentile, Cabrini, Scirea, Tardelli et Rossi. Enfin, ultime vedette et non des moindres comme on allait le voir tout au long du match, Boniek, le Polonais aux cheveux rouges.
Chez les Parisiens, on n’en menait pas large. Avec de tels adversaires qui, de plus, développent un des footballs les plus fermés du monde, comment voulez-vous vous y prendre ? De grandes formations s’y étaient déjà cassé les dents. C’est ce que devaient se dire les Guillochon, Tanasi et autres Abreu, qui avaient pour eux l’insouciance et la décontraction de leur inexpérience.
Lorsque l’arbitre tchécoslovaque Monsieur Christov donnait le coup d’envoi, on s’attendait à ce que les Parisiens fassent sentir à ces maillots jaunes ce que football offensif voulait dire. On imaginait déjà les déferlements de maillots blancs dans la surface adverse. On se réjouissait à l’avance des prises de risques qui ne pouvaient que payer. On entendait la voix du capitaine Bathcnay qui avait, sous un autre maillot, connu ces folles soirées de Coupe d’Europe et qui encourageait ses équipiers à prendre d’assaut le but adverse.
De tout cela, nenni. Pendant toute cette première demi-heure de jeu (souvent la plus importante sur le plan psychologique), les Parisiens se contentaient de jauger l’adversaire. Comme si on ne le connaissait pas assez bien, le jeu de la Juve ! Comme si les expéditions d’espionnage de Leduc et Piazza n’avaient servi à rien. Il fallait attaquer. Le Paris-Saint-Germain, observait. Seul, tel un héros, le Yougoslave Susic jouait son jeu. On le sentait avide de montrer à ces champions du monde et compagnie que lui aussi était bien de la même classe. Mieux : Susic était ce soir-là d’un talent supérieur à tous les acteurs. Je le revois encore vers la trentième minute se précipiter pour jouer une rentrée de touche. Susic était pressé. Grâce à ses efforts répétés, Safet faisait sortir le P.S.G. de sa réserve. A lui tout seul, il emballait le match et sous son impulsion, les Parisiens ouvraient le score. Pour leur dernier quart d’heure de la première mi-temps, les vainqueurs de la Coupe de France l’avaient mérité ce but d’avance.
Au retour sur le terrain, on priait pour qu’enfin Rocheteau retrouve ses sensations qui avaient fait de lui un ange vert. Abrité dans l’ombre de l’immense Brio, que ne tentait-il pas ces dribbles et ses démarrages incisifs ! Et Zaremba, allait-il faire partir un de ces coups de canon dont il a le secret ? C’était sans compter sur ces petits rien qui font que la Coupe d’Europe reste diaboliquement incertaine. Sur le coup, on n’y fit pas trop attention. Mais cinq minutes plus tard, Il fallait bien se rendre à l’évidence. La blessure de Bathenay, c’était la scoumoune. Et ce soir-là, la malchance avait revêtu un maillot jaune. Zaremba passait libéro et si l’entrée de Dahleb laissait penser à une tournure définitivement offensive du côté parisien, c’était oublier que les Italiens (rappelez-vous le dernier Mundial) ont le chic pour utiliser les tracas de l’adversaire.
En deux temps-trois mouvements, Boniek rappelait qu’il adorait les grands espaces et qu’il restait un excellent buteur. Abreu pouvait sortir et laisser sa place à N’Gom, Susic pouvait continuer à prendre le dessus sur Caricole, Taconi pouvait écoper d’un carton jaune et Bonini pouvait remplacer Rossi, on avait l’impression que le Paris-Saint-Germain était passé à côté de l’exploit. A douze minutes du coup de sifflet final, c’était le glas qui commençait à sonner. Boniek, encore lui, adressait un coup franc devant le but de Baratelli et Cabrini donnait l’avantage à son équipe. Joie immense chez les Italiens, désolation dans le camp français. Le mauvais geste de Boniek après le premier but de la Juve prenait maintenant toute sa signification. Les mauvais esprits du virage Boulogne à l’encontre de Michel Platini en étaient pour leurs frais. La Juventus avait fait la nique au P.S.G.
Ce n’était pourtant pas terminé. Il ne restait plus que quelques secondes à jouer. Les Parisiens qui s’étaient en partie rachetés de leurs hésitations du début de match se donnaient maintenant à fond. Ils allaient puiser au fond d’eux-mêmes les ressources nécessaires pour faire souffrir les Italiens jusqu’à la fin. Si bien qu’à force d’essayer, ils réussirent. Par l’intermédiaire de N’Gom, ils montraient leur amour-propre et donnait à réfléchir à Trapattoni sur les vertus du catenaccio. Prendre deux buts à l’extérieur n’est pas dans les habitudes de la Juve. Ils avaient pourtant plié deux fois et les deux défaites successives au Stadio communale en Championnat allaient leur donner encore beaucoup à réfléchir. A ce titre, Platini pouvait lui aussi se poser des questions quant à l’ingratitude d’une partie du public qui l’avait si souvent encensé. Ce n’était pourtant pas une raison pour sacrifier son image à un vilain geste. Car, un jour, il reviendra au Parc.
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J’ai eu la chance d’assister à ce match . Du très haut niveau . Un Susic royal , malheureusement il nous a manqué cette expérience des grands matchs de coupe d’Europe que possédait « La vecchia signora » à l’époque . Elle va d’ailleurs le prouver en remportant la C2 cette saison-là malgré un match retour au Communale où elle passa à deux doigts de la correctionnelle .
PS : le No 4 de la Juve n’était pas Claudio Gentile mais Nicola Caricola . Gentile est celui qui essaie de retenir Safet par le cou .
Super, c’est corrigé…
Beau travail !
Merci…