Sélectionner une page

PSG, OM : bien plus qu’une rivalité sportive…

PSG, OM : bien plus qu’une rivalité sportive…

Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit sur la rivalité entre le PSG et l’OM ? Certains diront que tout a été dit. Peut-être oui. On a surtout dit tout et son contraire. Tout et n’importe quoi. Tout et rien à la fois. Sans vouloir dénigrer les derbies régionaux, le rhônalpin, celui de l’atlantique ou encore celui du maroilles, cette opposition est bel et bien devenue LE classique du championnat français. Peu importe le classement de l’un et de l’autre, l’odeur du souffre excite les narines et les nerfs de Brest à Strasbourg, de Lille à Nice. Deux rendez-vous annuels minimum, que l’on regarde avec un œil vif ou distrait. C’est comme ça, ça ne se rate surtout pas, au pire, ça se regarde. On attend une victoire, une défaite, surtout pas de match nul. On veut des buts, des beaux, des laids. On veut que ça chauffe, on veut que ça crie. Le peuple veut du pain et du vin, il veut aussi des jeux, il réclame du sang avant, pendant et après le match. Les PSG-OM, ce sont désormais nos meilleurs jeux du cirque.

Comment en est-on donc arrivé là ? Faîtes un sondage dans la rue, tout le monde fera son petit « Alain Decaux raconte » et vous répondra que cette rivalité est strictement artificielle, qu’elle a été créée de toute pièce un jour comme ça, presque dans une réunion un soir entre Tapie et l’été major de Canal Plus. Il fallait donner un rival à un OM devenu imbattable, apporter un intérêt corrosif à notre championnat à un moment où Canal misait tout sur le foot, tout sur le cul mais surtout sur le foot, et sur le cul quand même. Bref, il fallait que ça sente le cul, le cuir et le cryptage du samedi à minuit jusqu’au dimanche soir. Cette thèse est réelle oui. Elle est vérifiable, quantifiable, traçable. Mais elle n’est surtout pas unique. Cette rivalité n’aurait pas tenu aussi longtemps, elle n’aurait pas pris aussi vite, elle n’aurait pas résisté au classement plus ou moins minable de l’un et de l’autre, de l’un ou de l’autre. Elle couvait, elle était même déjà née. Elle rodait depuis longtemps dans les travées du Parc ou du Vélodrome, il fallait juste la muscler, la vitaminer, l’exciter et surtout la théâtraliser, la dramatiser.

Cette première véritable naissance de la rivalité entre le PSG et l’OM, elle n’a aucun géniteur machiavélique. Elle est née naturellement dans l’opposition entre deux villes radicalement différentes. Entre deux clubs qui épousent leurs villes pour le meilleur et pour le pire, sur le fond et sur la forme. Seulement voilà, parler de ça, c’est pénétrer un dimanche de novembre sur un terrain gras, glissant et dangereux. Ça divise, ça parle de culture, d’histoire, de goût, de tempérament, de mode de vie, de mentalité, d’accent. Ce n’est pas assez concret, ça ne se date pas. Ça parle de l’humain, ça parle de soi. Et on n’aime pas parler de soi. L’erreur, c’est de hiérarchiser, l’erreur, ce n’est pas d’admettre des différences manifestes entre nos deux villes. Préférer sa culture, son histoire, son mode de vie, ce n’est pas dire qu’on est meilleur qu’un autre, c’est dire ce qu’on aime. Un marseillais a autant de raisons d’aimer sa ville et son club qu’un parisien. C’est son choix, sa vie. Paris, c’est notre choix, notre vie. L’OM est le plus marseillais des marseillais, le PSG est le plus parisien des parisiens. La sociologie très marquée de nos villes est imprégnée dans nos clubs. Rien ne ressemble moins à Paris que Marseille. Nos couleurs respectives symbolisent à elles seules tout ce qui nous oppose. Nike et Adidas y ont même trouvé un terrain de jeu merveilleusement opportuniste. Aujourd’hui, tout le folklore qui entoure nos oppositions se basent bien plus sur nos différences culturelles que sur cette rivalité sportive qui n’a en fait que peu souvent existé. Il n’y a qu’à voir les pubs à la qualité inégale de Canal Plus qui annoncent tous les ans ces affiches, elles s’appuient le plus souvent sur ce qui différencie les villes ou leurs habitants. En 47 ans d’existence, le PSG n’a même pas été dix saisons en véritable lutte pour le titre avec l’OM. En France, il n’y a que les plus chauds derbies régionaux qui peuvent se permettre de ne pas être des rivaux sportifs pour susciter toujours un intérêt.

Privilège très relatif de l’âge oblige, j’ai eu la chance d’assister au Parc à presque toutes les confrontations entre le PSG et l’OM depuis 1975. Autant dire que j’ai vu naître cette rivalité. Disons-le clairement, dans les années 70, le Parc des Princes était bien plus rempli par des sympathisants de l’OM que par des supporters du PSG. Sympathisants de l’OM oui, parce que peu de marseillais étaient réellement présents dans les tribunes du Parc et surtout les parisiens manquaient encore à l’appel. J’ai assisté aux prémices d’une véritable rivalité en avril 1982 lors d’une confrontation en Coupe de France. Un match remporté 3-1 par le PSG qui allait d’ailleurs faire de cette Coupe de France son premier trophée. Dans les tribunes, des vrais marseillais cette fois étaient bien présents. J’avais 13 ans, j’ai entendu les premiers chambrages, les premières insultes fondatrices même. « Parisien de merde », « la ville qui pue ». Rassurez-vous les parisiens crachaient aussi quelques insultes à base de « sudistes » et de « sardines », et oui déjà ! A 13 ans, je ne pouvais pas oublier ça. J’avais bien assisté à quelques échanges de mots avec des corses ou des bretons, toujours en nombre au Parc, mais c’est la première fois que j’ai senti un début de tension réelle entre supporters. Au fur et à mesure que le Parc des Princes se trouvait un public et que le PSG trouvait sa place dans l’élite du football français, les années qui suivirent ne firent que confirmer cette tendance : l’OM et le PSG se défiaient, Paris et Marseille se toisaient. Les deux coupes de France et le titre de champion faisaient du PSG un rival tout trouvé. Et de la ville de Paris un symbole de l’anti-Marseille. D’autant que Marseille n’était pas dans une période faste avant l’arrivée de Tapie. L’émergence du PSG représentait bien plus de danger que Bordeaux finalement, pourtant multi-champions dans les années 80. La reprise du PSG par Canal plus et la domination marseillaise de l’ère Tapie a installé cette rivalité à un niveau bien supérieur. On connaît la suite : grandeur et décadence de l’OM, la place était donc vacante, Paris en a profité. Et c’est bien cela que les marseillais ne digèrent pas et ne digéreront pas pendant encore cent ans… Notre rivalité d’aujourd’hui est devenue historique parce que c’est l’histoire qui l’a construite. L’histoire est une succession de faits plus ou moins concrets, plus ou moins sportifs. Des petites histoires dans la grande Histoire.

Difficile aujourd’hui de ne pas évoquer l’actualité médicale de Tapie quand on évoque la rivalité de nos clubs. Restons dans l’élégance, n’est-ce pas une des belles exigences de notre club et une célèbre caractéristique de notre ville ?… Tapie représente à peu près tout ce que je déteste dans son approche du sport, de l’entreprise, de la politique, son approche de la vie en fait. Même si je lui reconnais évidemment un talent réel et une intelligence manifeste, les faits sont en effet têtus. Un talent et une intelligence limités cela dit puisque d’autres faits sont tout aussi têtus. Bien sûr, je n’oublie pas qu’il a été un adversaire virulent de l’extrême droite. Je n’oublie pas non plus que ce combat n’avait rien de sincère, c’était un piètre calcul politicien destiné à briguer un jour la mairie de Marseille, voire beaucoup plus. Je ne vois pas Tapie comme un ennemi mais bien comme un adversaire. Alors quand un adversaire à un genou à terre, je n’ai qu’un souhait, qu’il se relève pour continuer à le combattre, à la régulière. Peu importe si lui en profiterait pour m’asséner le coup de grâce, à chacun sa philosophie de vie. La sienne ne m’intéresse pas, je ne m’intéresse qu’à la mienne. Et puis quelque chose me pousse certainement à lui souhaiter de profiter de la vie pour qu’il puisse fêter avec nous la conquête parisienne de la coupe « aux grandes oreilles » et des dix titres de champion de France. Toujours à la régulière bien sûr.

@PSG_Origine

PSG Origine
Les derniers articles par PSG Origine (tout voir)