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Buts à la loupe : le bijou de Zlatan Ibrahimovic contre Bastia

Le temps n’efface rien. Au cœur d’une campagne où Zlatan Ibrahimovic devrait être destitué de son titre de meilleur buteur de l’histoire du Paris Saint-Germain par Edinson Cavani, les images laissées par le Suédois n’ont pas d’égales. Zlatan, c’est l’incarnation de la supériorité physique, mentale, mais c’est aussi une signature technique. Des gestes bien à lui qui ont illuminé sa carrière et écrit sa légende. Dans la panoplie du Z, demandez le « coup du scorpion », signé un après-midi d’octobre 2013, contre Bastia. Mickaël Landreau, lui, n’a pas oublié…

 

Phase 1 – Observation et placement

Contrairement aux buts de Neymar ou de Lionel Messi, la première phase d’une grande majorité des chefs d’œuvre de Zlatan Ibrahimovic est souvent invisible. Le Suédois est un virtuose, mais ses déplacements rappellent à quelle catégorie d’attaquants il appartient. Il n’est pas qu’un simple pivot, mais son flair, sa taille et son emprise physique (et psychologique) constituent une première base chez lui. C’est donc du regard, par de lentes foulées, qu’Ibrahimovic accompagne à distance un débordement de Lucas le long de la ligne sur le côté droit. Placé au départ de l’action dans l’aire qu’il affectionne, à plus de trente mètres plein axe, le buteur rejoint tranquillement la zone de vérité. Il se rapproche aussi de son premier adversaire, François Modesto.

 

Phase 2 – Accélération et prise de décision

Cerné aux abords de la surface, Lucas déclenche un centre – mal exécuté car pas assez levé – que Blaise Matuidi dévie instinctivement d’une aile de pigeon. À cet instant précis, Ibrahimovic, qui s’était volontairement placé à hauteur de Modesto, le sème à nouveau en effectuant quelques pas succincts pour se rapprocher du ballon. L’astuce est classique chez les attaquants de ce calibre – Cristiano Ronaldo en est coutumier, par exemple. Depuis le départ, le Suédois n’a jamais perdu sa cible du regard. Sa concentration est totale. Cette phase est importante car elle l’amène à la retombée du ballon. La trajectoire parabolique de la passe détermine ensuite le choix de son geste.

 

Phase 3 – Duel et effet de surprise

La décision est prise. Le duel peut avoir lieu. Ibrahimovic est rejoint en moins de deux secondes par Modesto à la chute du ballon. Plusieurs données favorisent néanmoins l’attaquant. La première, intrinsèque, est un différentiel de taille puisque le défenseur lui rend 12 centimètres. La seconde se situe dans les déplacements des deux hommes, les petits pas de Zlatan lui permettant de se positionner devant son garde du corps, et d’y rester. La troisième, enfin, réside dans la rareté du geste. Elle crée un effet de surprise qui complique l’intervention pour l’adversaire.

 

Phase 4 – Exécution

Le geste final est un condensé de tout ce qui rend Ibrahimovic si spécial : domination, assurance, culot, souplesse, précision et vitesse d’exécution. Après s’être mis dans les conditions idéales pour préparer son geste, Ibrahimovic frappe. Sa reprise n’est pas commune. Elle requiert une élasticité hors-normes – surtout pour un joueur de ce gabarit – et une maîtrise totale des différentes surfaces du pied. Le buste légèrement décalé vers l’arrière, Zlatan tend sa jambe droite à l’horizontale pour reprendre sèchement le ballon du talon, en extension. Sa gestuelle, son rapport à l’espace et son passé en arts martiaux font le reste. C’est un mouvement rotatif que le Suédois a déjà exécuté à plusieurs reprises dans sa carrière. Le ballon est catapulté derrière Modesto pour finir dans le petit filet d’un Landreau médusé. Le Parc explose. Le héros jubile. Comme souvent…

 

Comment les deux acteurs l’ont vécu :

Zlatan Ibrahimovic : « C’est un but incroyable. On se souviendra longtemps de ce but car c’est un but qui sort de l’ordinaire, a commenté l’intéressé lundi. Quand tu vois les réactions des autres joueurs, les cris des commentateurs, c’est un sentiment incroyable car on se rend compte que l’on réalise quelque chose inattendu ».

Mickaël Landreau (RMC) : « On sait qu’Ibra est capable de faire quelque chose qui lui est propre et que seul lui est capable de réaliser, explique le gardien corse. Ce qui est impressionnant c’est le geste mais surtout la vitesse avec laquelle le ballon part. Et en plus avec une précision diabolique. Le match s’est décanté sur des gestes exceptionnels. Le but d’Ibra, il n’y a que lui qui peut le faire ».

La vidéo du but (compte YouTube Ligue 1 Conforama)