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Tactiques de légendes : PSG – Steaua Bucarest 1997

PSG 5-0 Steaua Bucarest

27 août 1997, Parc des Princes

Tour préliminaire retour de la Ligue des champions

Ch.Gavelle PSG.fr

 

Le contexte : Battu 3-2 à l’aller, le PSG pensait peut-être avoir de grandes chances de se qualifier grâce à ses deux buts à l’extérieur… Mais c’était avant que l’équipe francilienne ne perde finalement sur tapis vert, suite à la participation de Laurent Fournier lors de cette première manche, alors qu’il était suspendu.

C’est au pied du mur, dans une atmosphère électrique, que les hommes de Ricardo ont abordé ce match retour. Rai et Leonardo sont très attendus. Au cœur de l’actualité des transferts, le second quittera d’ailleurs Paris pour rejoindre Milan quelques jours plus tard…

Le onze parisien : Revault – Algérino, Le Guen, Roche, Domi – N’Gotty – Rai, Leonardo, Gava – Simone, Maurice.

Le système : 4-4-2 en losange très offensif. Très libres, Gava, Leonardo et Rai permuttent devant N’Gotty, unique milieu récupérateur.

 

Le match :

Dans cette première période, sous une pluie d’été battante, Il y a ce que font les Parisiens et ce que le contexte, l’atmosphère, leur dictent. Le cahier des charges est clair mais le temps est un obstacle supplémentaire. Paris a le ballon mais les phases de temporisation sont rares. Le début de rencontre montre rapidement une volonté de casser les lignes. Les circuits sont directs. Le pressing, étouffant. Les trois meneurs (Rai, Leonardo, Gava) coulissent dans leurs zones respectives pour se rendre disponibles et amorcer les mouvements. Le rythme est soutenu, continu. Casser le verrou rapidement est une nécessité absolue, un besoin qui les incite à allonger. C’est dans ce désordre organisé que Rai trouve Maurice dos au but, lequel obtient un penalty transformé avec autorité par le Brésilien (1-0, 2e). La première marche est franchie. La plus haute, sûrement.

Car en face, Mihai Stoichiță avait confectionné une autre histoire. Classique, certes, mais en adéquation avec sa posture et ses moyens : laisser le ballon aux Parisiens, accepter la domination et reculer sans craquer pour retarder l’échéance. Un plan A annihilé d’entrée. Un plan sans véritable alternative, surtout. L’influence de Rai est énorme dans cette bataille. L’impact du meneur de jeu Brésilien s’accentue même au gré des minutes comme s’il accompagnait l’embellie parisienne. Quand il a le ballon, le milieu offensif alterne combinaisons et renversements de jeu. Quand il ne l’a pas, il propose, sans relâche. Ces aptitudes bien connues chez lui sont sublimées par son état d’esprit du soir. Plus prompt que son défenseur au premier poteau, Rai fait exploser le Parc sur un corner bien botté par Leonardo (2-0, 23e).

Il est assez curieux de constater que cette domination continue des Parisiens se traduit sur des coups de pied arrêtés alors qu’ils représentent une des seules bouées de sauvetage du Steaua, à l’image d’un coup-franc plongeant de Militaru ou d’une série de corners (15e, 16e) avant le deuxième but.

Sur toute la rencontre, les Parisiens ne s’exposent qu’à un seul contre menaçant, un cinq contre trois en faveur de l’équipe roumaine, plein axe, conclu par une frappe sèche de Rotariu détournée par Revault (26e). Une action déclenchée dans une période où le Steaua vivotait encore… Le danger résidait là, dans ce no man’s land à la perte du ballon où le seul Ngotty était censé combler les brèches. Un risque atténué en réalité par les qualités de placement et de relance de la charnière centrale parisienne (Le Guen-Roche), la position médiane des deux latéraux (Algérino-Domi) et les mouvements des trois animateurs (Gava-Leonardo-Rai), appelés à décrocher, tour à tour.

Les esthètes du jeu définissent le football total comme une synchronisation parfaite dans toutes les lignes. Attaquer ensemble, défendre ensemble. Répondre à l’appel du jeu. Ne jamais resté figé dans une zone comme un pion placé sur un échiquier. Et c’est portés par cet esprit, que les Parisiens récitent leur symphonie dans une première période de rêve. Simone et Maurice, les deux pointes, ne rechignent jamais à défendre où à s’excentrer si l’action le réclame. Une activité récompensée par une superbe frappe en pivot pour l’Italien sur le but du 3-0 (32e). Puis par un contre envoutant conclu avec relâchement par le Français avant la mi-temps (41e). Leonardo, auteur des deux services, a relayé Rai avec brio. Sur ce quatrième but, Le Guen, depuis sa propre ligne de but, trouve Simone qui décale Leo d’une talonnade avant l’ouverture du Brésilien pour Maurice. Trois passes. Quatre-vingt-dix mètres. Neuf secondes.

L’énergie physique, mentale et émotionnelle laissée dans cette première partie du match induisait une part de décompression en seconde période. Comment pouvait-il en être autrement ? Les Parisiens ne jouent donc pas le second acte en apnée, mais ils le gèrent intelligemment.

Après dix minutes plus aérées, le bloc, assez bas, voit les situations d’attaques rapides se décupler.  Sur l’une d’entre elles, la bande à Ricardo obtient un coup-franc côté gauche. Leonardo distille un ballon enroulé précis pour Raï, qui fait chavirer le Parc d’une tête rageuse (5-0, 56e). Les lignes s’étirent dans la dernière demi-heure et Paris poursuit sa démonstration sans saler l’addition. L’essentiel avait été assuré. Par la variété de sa production, l’intensité physique déployée, son intelligence tactique et ses vertus mentales, cette équipe a écrit son histoire sur un match à diffuser encore dans toutes les écoles. Il fallait le jouer avec le cœur. Elle l’a fait. Mais elle y a ajouté la tête.